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Livres de Denis
25 novembre 2007

Le soleil noir de la puissance de Dominique de Villepin

51c3xC9Z8mLC'est la première fois que je lis un livre sur Napoléon, bien que j'en avais envie depuis longtemps. Aussi est-il très difficile pour moi de juger de la pertinence des récits rapportés et des analyses qui en résultent.

En tous les cas, j'ai beaucoup aimé ce livre qui nous fait découvrir l'ascension de Napoléon Bonaparte sous un oeil à la fois admiratif et très critique. L'auteur fournit son analyse personnelle tout en prévenant assez souvent qu'elle n'est pas forcément en ligne avec les historiens spécialistes. Très documenté, l'ouvrage met en valeur de nombreux aspects très intéressants, notamment les rapports humains du personnage avec son entourage, que ce soit sa famille, son entourage politique ou l'armée, l'évolution de la personnalité de Napoléon dans le temps, condamné qu'il est à la fuite en avant, ou encore les contradictions entre un empire issu de la révolution et les valeurs de cette même révolution.

Petits bémols : ces explications sont trop souvent orientées pour expliquer la chute future, inéluctable. J'ai très envie de lire la suite (ce qui est plutôt rare, car je n'aime pas cette mode de surfer sur le succès), mais quelque part, si c'est juste pour avoir la confirmation de ce qui est raconté ici.... Je trouve aussi que l'accent n'est pas assez mis sur les nombreux points de repère qui font le lien avec notre époque, pour une période de l'histoire qui est l'un des fondements de notre société actuelle.

Essai - 3 étoiles

Livre bibli CE


Extraits :

1. (page 204) De ses prédécesseurs, il semble avoir tous les talents sans les tares : esprit de conciliation de Necker, résolution de Danton, vertu de Robespierre, pragamatisme de Barras. Il escompte passer au travers des ecueils en s'appuyant sur le meilleur de chacun des héritages de notre tumultueuse histoire (...). Son génie consiste à identifier, au milieu de l'incroyable chaos des temps, des piliers stables, voulus par le plus grand nombre, à partir duquel il va orchestrer la réforme.

2. (page 233) On peut dès lors se demander si la révolution corrigée par la Consulat ne s'est pas simplement contentée de substituer l'argent à la naissance au service d'une même conservation et, à terme, d'une même fracture, la césure peuple-notables se substituant au fossé séparant les privilégiés du tiers état. Ce point de vue, qui est à peu près celui de Chateaubriant et plus tard de Tocqueville, a été violemment combattu par Guizot et les tenants de la monarche de Juillet. Les "doctrinaires" expliqueront que par sa nature même la bougeoisie forme le classe la plus mobile, fondée sur la travail, la capacité et le mérite, intégrant les talents là où ils se trouvent, sans critère de milieu ni de distinction. Ce à quoi leurs nombreux adversaires - de droite comme de gauche - rétorqueront que cette égalité théorique demeure profondémment inégalitaire car vicié à tous les stades de la vie sociale par un système reproducteur à tous les échelons : l'école, le mariage, les solidarités familiales, les usages et "bonnes manières".

3. (page 503) L'anxiété de Napoléon croît à mesure des succès remportés. elle traduit une conscience aiguë de son déficit de légitimité, d'un despotisme éclairé dépassé et d'une révolution qui le piège à la fois par son héritage et ses principes puisqu'elle proclame la sacralité des libertés individuelles et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, soit le contraire d'un empire qui allie la dictature et la conquête. (...) il se considère comme le sauveur de l'Europe, le seul capable de fusionner l'Ancien Régime et la révolution par l'alliance de l'ordre et du mérite.

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